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  • Photo du rédacteurJennifer Meyer | ECO2 Initiative

Comment convaincre et accompagner le changement ?


Convaincre, c’est amener quelqu’un, par des raisons ou des preuves, à reconnaître quelque chose comme vrai ou nécessaire (selon le Larousse). Dans notre métier, nous avons souvent besoin de convaincre de la réalité du changement climatique et de la nécessité de faire évoluer nos modes de vie. Mais comment faire ? Par le discours ? Par l’exemple ? On a tous autour de nous un ami devenu végétarien ou qui a arrêté de prendre l’avion pour réduire son impact sur la planète. Cela peut engendrer, selon les interlocuteurs, de l’incompréhension (lorsque le changement climatique n’est pas encore compris ou intégré), de l’admiration (parfois) et de la culpabilité (souvent) car cela nous renvoie l’image que nous ne faisons nous-même pas assez face à cette situation.


Jusqu’à aujourd’hui, la plupart des messages environnementaux, souvent catastrophistes, agissent sur la culpabilité. Or pour les personnes qui sont les moins sensibilisées, les émotions négatives générées par ces images sont souvent contre-productives. On voit également que ces techniques sont utilisées depuis plus de 30 ans par les associations environnementales, mais cela ne constitue pas un moteur suffisant pour changer de comportement et passer à l’action.



Adapter le message et le ton à la cible : indispensable mais insuffisant


Comme pour toute communication, il faut se poser la question des informations à transmettre à nos interlocuteurs, des arguments auxquels ils seront sensibles et des canaux à utiliser pour les atteindre. On ne va pas aborder le sujet de la même manière avec nos collègues, nos grands-parents ou nos meilleurs amis ! Mais même en choisissant bien ses mots, ce n’est pas suffisant pour enclencher le passage à l’action.


Pourquoi ? Parce que nos actions sont avant tout des réponses à notre perception de nos besoins. Selon la théorie des besoins (ou pyramide de Maslow), les premiers besoins à couvrir sont les besoins physiologiques (manger, boire, respirer, se reproduire), puis le besoin de sécurité (logement, emploi, santé, famille). C’est seulement lorsque ces besoins sont satisfaits que les humains peuvent agir pour satisfaire des besoins non vitaux, comme ceux liés à la protection de la planète. Il faut également qu’ils y trouvent un intérêt, donc que cela les concerne. Ainsi, pour la majorité des gens, le changement climatique, généralement perçu comme éloigné dans le temps et dans l’espace, ne sera que rarement un guide ou un moteur de leurs actions.


D’autre part, chacun réagit différemment et les messages sur le changement climatique peuvent agir comme un déclencheur et motiver l’action ou au contraire déprimer et paralyser. Un exemple parlant concerne l’animation de Fresques du Climat, un serious game pour sensibiliser au changement climatique. Lors d’un atelier, les participants sont invités à replacer 42 cartes illustrant les données du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) dans un ordre logique permettant de faire ressortir les causes et les conséquences du changement climatique, puis d’illustrer les liens entre les cartes. L’atelier se termine par une discussion pour partager son ressenti et réfléchir à des actions. Il arrive régulièrement lors de cette dernière phase que des participants, submergés par l’émotion engendrée par la prise de conscience, se mettent à pleurer ou soient terrifiés.


Passer par la peur ou la culpabilité n’empêche pas le changement


La peur et la colère sont néanmoins des réactions tout à fait normales lorsque l’on prend conscience des enjeux, de notre impact mais également de notre capacité limitée à agir et faire changer le système.


La courbe de deuil ou courbe d’apprentissage du changement en est une illustration (voir ci-dessous). Celle-ci est issue des travaux d’Elisabeth Kübler-Ross, psychiatre et psychologue suisse du XXème siècle. Selon les personnes et le contexte, les différentes étapes sont vécues dans un ordre différent, avec une durée et une intensité variables.


La courbe de deuil est composée de deux grandes phases :

  • Une première phase descendante, à partir de la prise de conscience et pouvant aller jusqu’à la dépression en passant par le déni, la peur et la culpabilité ;

  • Une deuxième phase ascendante d’acceptation qui nous permet de retrouver du sens et « vivre avec ».

Crédits image : Collapsologie et courbe de deuil, illustration de Matthieu Van Niel, Juin 2017


En tant que professionnels du domaine, il s’agit d’un processus à accompagner afin d’aider nos interlocuteurs à accueillir leurs émotions pour pouvoir changer et s’adapter.



De l’échelle individuelle à l’échelle sociétale


Enfin, pour favoriser la transition, il faut non seulement comprendre les mécanismes de changement à l’échelle individuelle, mais également les leviers permettant de généraliser ces pratiques à l’échelle du collectif.


Pour cela, il est nécessaire de s’appuyer sur des « ambassadeurs », des personnes sensibilisées et qui ont déjà mis en œuvre des actions. À l’échelle d’un groupe (famille, amis, collègues), ces personnes constitueront un fort levier d’évolution des comportements par mimétisme et conformisme social.


Il est cependant nécessaire d’inscrire ces actions dans un cadre plus large car les individus ont besoin des dispositifs collectifs pour agir (sociaux, politiques, économiques, culturels). En effet, seule la combinaison des leviers individuels (régime alimentaire, fréquence des voyages en avion, taux d’équipement en appareils électriques et électroniques, etc.) et des leviers collectifs (transports en commun, éco-conception des produits, etc.) permet d’enclencher les changements nécessaires pour limiter le changement climatique.


Non, il n’y a pas de recette miracle : la complexité des changements de comportement impose de jouer sur tous les acteurs et toutes les échelles pour être à la hauteur du défi à relever. Alors au boulot !



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